
Le graphisme, comme nous le connaissons depuis le XXe siècle, est destiné en premier lieu à un usage commercial ou politique. Ceci dans le seul but d’influencer, voire de manipuler, les choix d’une population très attentive à ce genre de contenu.
Le graphisme dans sa conception ne dégage aucune intention bienveillante, le designer ici est au service de l’industrie. Il ne partage pas nécessairement les idéaux sur lesquels il travaille, mais participe tout de même grandement à la divulgation du message, ce qui questionne alors sa responsabilité. Mais finalement, qu’est-ce que la responsabilité ? Selon le dictionnaire Larousse, la responsabilité est une « obligation ou nécessité morale de répondre, de se porter garant de ses actions ou de celles des autres ». Suivant cette définition, nous sommes en droit de nous demander si oui, ou non, le designer graphique doit être de quelque manière responsable du message communiqué. Basons-nous sur l’étude qu’a faite Karen Brunel-Lafargue, Le designer graphique et les sens de la responsabilité : étude descriptive de la modélisation morale du praticien, d’après les travaux de Stéphane Vial. Elle nous explique que le designer pour être considéré comme tel ne doit pas tomber dans la réalisation de profit à outrance au risque de confondre design et marketing. Le designer doit comprendre que le capital est un moyen, et que l’idéal de son activité, doit être « de produire un “effet de design” au service des individus ».
Cependant, cette vision est quelque peu utopiste.
Designer graphique est un métier qui est dans un premier lieu destiné à aider à la vente. Même si des projets culturels et publics servant les individus existent, ce ne sont pas ceux qui vont le plus souvent lui permettre de vivre. Le designer graphique doit donc chercher à toujours améliorer son art, développer sa pratique pour réussir à conserver cet effet dont parle Vial. L’effet de design apparaît alors comme un événement qui se produit dans une expérience d’usager et transforme un usage brut comme une expérience à vivre.
Lorsque l’on ignore cet aspect et que l’on abandonne l’effet design, on refuse de prendre nos responsabilités. Nous nous retrouvons alors avec des designers graphiques ne cherchant que le profit et usant de leurs compétences pour générer de l’argent à outrance. De nos jours, une pratique s’est retrouvée énormément exploitée sur internet. Abusant de nombreux facteurs comme les darks patterns pour amasser de l’argent, il s’agit du drop shipping. Le drop shipping consiste à ouvrir une boutique en ligne qui va en réalité secrètement vendre les produits d’une autre boutique déjà existante, permettant alors d’empocher une marge qui a été fixée entre les deux. L’intérêt est de ne pas avoir de stock à gérer et donc de faire beaucoup d’argent rapidement sur le dos d’autres, sans en investir trop. Le problème dans cette pratique, est que l’UI/UX pousse le consommateur à avoir confiance en ces actions, se faisant arnaquer à cause des compétences du designer. La responsabilité du graphiste est en conséquence bien différente du message communiqué par l’annonceur. Il doit avoir conscience de ses capacités et toujours chercher l’innovation dans le partage des messages, qu’il soit commercial ou non, en se détachant le plus possible des profits à réaliser.
